En amont de l’unique date française de leur tournée mondiale, on a parlé amour, bonheur, Coachella, scène underground coréenne, K-pop et projets futurs avec le groupe d’indie rock le plus cool de Corée du Sud.
C’est sans compter l’arrêt qu’ils feront à Coachella ce printemps, où ils auront l’occasion d’offrir une performance de leur dernier EP, baptisé
24 : How to Find True Love and Happiness.
Un EP entre cri du cœur et douceur anesthésiante
Hyukoh a accouché de ce dernier projet en 2018, après avoir témoigné de la dualité pénible de la jeunesse dans leur premier album
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sorti un an plus tôt.
Traduisant de leur guérison,
24 : How to Find True Love and Happiness
explore les chemins menant au bonheur et à l’amour à l’aide d’une trame poétique qui prend aux tripes tant elle traduit cette aventure d’une manière pure, simple et spontanée. Elle est accompagnée de rythmes dont l’originalité n’enlève rien de la douceur magnétique de la voix d’Oh Huyk.
Chantant tantôt en coréen, tantôt en anglais, tantôt en mandarin, l’énigmatique leader de Hyukoh arrive à créer une étrange harmonie qui anesthésierait presque les maux du monde. Entre une superbe ouverture avec
Graduation
, un cri du cœur avec
Love Yah!
ou encore une ode à l’amour entre les populations nord et sud coréennes avec
Gang Gang Schiele
, cet EP est à écouter et réécouter si un besoin de douceur salvatrice vous prend. Et encore mieux :
24 : How to find true love and happiness
sera à vivre live au
Trianon le 1er mars
. En amont de cette unique date française, Hyukoh a accepté de répondre à nos questions par email.
Tout ce qui vous est arrivé ces derniers mois est assez exceptionnel.
Comment réagissez-vous face à toutes ces réussites ?
Oh Hyuk :
On est tellement heureux de tout ce qui nous arrive. Mais j’ai hâte de voir la suite, on a encore beaucoup de choses à faire et à découvrir.
Dong Geon :
Oui, j’ai envie que ça continue dans ce sens-là pendant longtemps.
Hyun Jae :
C’est clair que c’est un vrai honneur, et qu’on en est très reconnaissant. Mais il y a encore beaucoup de lieux dans lesquels on veut se rendre, et encore beaucoup de choses nouvelles qu’on veut faire.
In Woo :
Personnellement je suis vraiment super content d’aller à Coachella.
En quelques mots, comment est-ce que vous décririez votre dernier EP ?
Oh Hyuk :
Cet EP, c’est une réflexion sur la manière de trouver l’amour et le bonheur véritable. Mais, en le créant, on ne voulait rien suggérer : on voulait juste que ce disque offre l’opportunité de penser à l’amour et au bonheur, qui sont des sujets qu’on a trop tendance à oublier d’après nous.
Hyun Jae :
Je pense que, par ce projet, on a voulu partager l’importance du processus qu’est de trouver le vrai amour et le vrai bonheur, pas l’importance de la réponse en elle-même.
Et du coup, c’est quoi le processus à suivre pour trouver le bonheur et l’amour ?
Oh Hyuk :
J’essaye encore de le trouver.
Dong Geon :
Personne ne sait je crois.
Hyun Jae :
Je crois que je suis en plein milieu de mon processus. Mais pour moi, l’amour et le bonheur ne sont pas le résultat de nos agissements en tant que tels, mais le résultat de nos efforts et de la sincérité qu’on met à essayer de le trouver.
In Woo :
Je pense que le bonheur est tout autour de nous, même maintenant. Il autour de moi là.
Musicalement parlant, cet EP est beaucoup plus apaisé que vos anciens projets (
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,
22
,
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). Qu’est-ce qui a changé pour ?
Oh Hyuk :
Je crois qu’on a juste voulu se détendre un peu.
On a l’impression que toutes les chansons s’enchaînent très doucement. C’est vraiment un tout harmonieux, pas une compilation de chansons. C’était le but ?
Oh Hyuk :
Oui complètement, et je veux que les prochains albums soient pareils : comme un voyage pour l’auditeur, du début jusqu’à la fin.
Après avoir sorti 2 premiers EP (
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en 2014 puis
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en 2015) et un premier album (
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en 2017), pourquoi est-ce que vous avez décidé de revenir sur le format d’un EP pour
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?
Oh Hyuk :
C’est super fun de faire un album, mais c’est assez fatiguant. Et dans le fond, vue que
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avait uniquement pour but de poser des questions sans y répondre, la taille du projet est justifiée. Le prochain projet fera peut-être la taille d’un album, qui sait ?
C’est quoi votre chanson préférée de l’album ?
Dong Geon :
Goodbye Seoul
. J’adore l’atmosphère de la chanson en elle-même, et elle est fun à jouer.
Hyun Jae :
Gang Gang Schiele
. On a enregistré cette chanson entre l’hiver et le printemps, c’est des bons souvenirs.
En parlant de ça, le remix de Superorganism de
Gang Gang Schiele
est super. Vous aimeriez bien collaborer avec eux, ou avec d’autres artistes sur un futur morceau ?
Oh Hyuk :
Evidemment ! On aimerait beaucoup travailler avec eux sur une nouvelle chanson. On est toujours partant pour travailler avec des amis qui font des musiques géniales. En plus, je trouve que ce qu’ils produisent est frais, et super fun.
Vous mélangez souvent le coréen, l’anglais et le mandarin dans vos chansons. Est-ce que changer de langue comme ça vous aide à exprimer toutes les dimensions de vos messages ?
Oh Hyuk :
Oui complètement. Je crois que chaque langue à sa propre approche. Et puis, c’est comme si nos chansons étaient faites de points qu’il fallait relier : des fois, une langue permet de relier certains points, des fois une autre permet de relier d’autres points. Personnellement, et en tant que membre de Hyukoh, je pense que c’est utile de travailler avec différentes langues tout en les utilisant d’une manière éclectique.
In Woo :
Je pense que chaque chanson est chantée dans la langue qui lui correspond le plus.
Tous vos projets sont nommés d’après l’âge que vous aviez quand vous les avez enregistrés (
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,
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,
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et maintenant
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). Est-ce que c’est important pour vous de marquer votre évolution comme ça ?
Oh Hyuk :
Au départ, je crois que c’était comme une espèce de réminiscence. Et c’est resté comme ça.
Dong Geon :
Je crois que c’est important pour le futur, ça me permet de me rappeler ce que je vivais, et les pensées que j’avais à certains moments.
Hyun Jae :
Ça serait intéressant de voir plus de nombres par la suite non ?
Est-ce que le fait que l’industrie musicale coréenne soit
dominée par la K-pop a influencé votre évolution en tant que groupe d’indie-rock, compte tenu de la réelle dualité qui existe en Corée, entre ces scènes dites « populaires » et, du coup, les scènes complètement underground.
Oh Hyuk :
On est un cas vraiment à part en Corée. On n’a pas vraiment dû passer par des scènes underground, mais on n’est pas vraiment passé par des scènes populaires non plus. Je suis revenu en Corée en 2012 [ndlr il a vécu en Chine jusqu’à sa majorité] donc je n’avais pas beaucoup d’informations sur le sujet. Par moment, on se sentait un réellement seul dans cette situation, mais d’un côté, c’était génial de ne faire partie de rien.
Hyun Jae :
C’est vrai qu’on n’a pas dû passer tant que ça par des scènes underground. Et puis, aucune des scènes ne nous correspondait vraiment, dans nos personnalités. On ne voulait pas choisir entre la scène underground et la scène « populaires », donc on a créé notre propre scène en quelque sorte.
Oh Hyuk :
Surtout que les deux scènes sont vraiment très différentes, plus qu’en occident. Le public est extrêmement différent, et la scène underground coréenne est assez petite. Je pense que la culture underground est consommée par environ 10 000 personnes, et que tout le reste du pays consomme de la culture « populaire ».
Comment est-ce que vous créez de la musique du coup ? Quelles sont vos inspirations ?
Oh Hyuk :
Chaque jour offre des inspirations différentes, et je suis réceptif à toutes ces nouvelles opportunités. Quand j’arrive en à m’en inspirer, j’écris une chanson, ses paroles, j’en fais une ébauche, et ensuite on travaille dessus tous ensemble avec le groupe.
Dong Geon :
Personnellement, je joue systématiquement toutes les idées qui me passent par la tête, je les modifie et les rejoue encore. Et ses idées sont surtout inspirées de musiques que j’aime, et de choses que je ressens sur le moment.
Hyun Jae :
Moi je m’inspire de ma vie de tous les jours.
Inwoo :
Et moi des films ou des vidéos que je regarde.
Vous avez des groupes ou des artistes que vous admirez ?
Oh Hyuk :
Paul McCartney, c’est une légende. Erlend Oye, surtout les albums de Love, The Whitest Boy Alive, et Les Beatles.
Dong Geon :
Les Red Hot Chili Peppers et Les Beatles.
Hyun Jae :
Sur le coup, je n’arrive à penser qu’à Aphex Twin et Cream.
In Woo :
Récemment j’ai beaucoup écouté Kendrick Lamar et J.I.D. Mais mes réelles premières influences musicales, c’est Nirvana et Les Beatles.
Quelles sont vos recommandations musicales pour 2019 ? Vous écoutez quoi en tournée ?
Oh Hyuk :
Suivez ma playlist sur Spotify !
Dong Geon :
Gum.
Hyun Jae :
L’album
Quarantine
de Laurel Haro.
In Woo :
Kevin’s Heart
de J Cole,
Working Out
de J.I.D,
Camo
et
Colorado
de Kota the friend et
Lucky
(Ö remix) de Charli XCX.
Vous avez déjà des projets en tête pour après la tournée ?
Oh Hyuk :
Après la tournée, on a planifié la sortie d’un nouveau single, et encore d’autre concerts. On espère voir tout ça arriver rapidement !
Dong Geon :
Oui, on va encore faire des performances dans pas mal de villes.
Hyukoh jouera au Trianon le 1er mars.
Les places sont à réserver ici
!